"C’était mieux avant !" On connaît la fredaine. De plus en plus de médias hexagonaux répercutent l’écho d’un sentiment de ras-le-bol vis-à-vis de la violence ambiante ; la nostalgie subliminale de notre passé tourne à plein régime. Cela n’est pas critiquable en soi : la sécurité n’est pas un gros mot, ni même l’autorité. Ce qui est délétère, c’est l’esprit coercitif, et non les termes sur lesquels on le fait complaisamment déborder. Distinguons bien.
A trop avoir prostitué les mots, droite et gauche ont opacifié le sens de certaines notions élémentaires : "sécurité" a lentement muté en "sécuritaire", "autorité" est devenu "autoritaire". Progressivement, les consciences ont absorbé la gélule politique.
Depuis quelques années, cependant, les masses populaires ne marchent plus. On ne la leur fera plus, semblent-elles régulièrement tonner dans les sondages. Dorénavant, au quotidien, la violence nous semble omniprésente, endémique. Ce constat est souvent justifié. Et pourtant…
Les faits divers actuels, aussi graves soient-ils, font parfois pâle figure face aux baroqueries des seventies. Ainsi l’affaire Oheix, en 1971, éloquente à plus d’un titre :
un matin, un jeune professeur de 28 ans – Gérard Oheix – pénètre dans l’université de Caen. Il connaît les lieux, pour y avoir étudié à une époque antérieure. Cette fois, il vient en vue d’inscrire son épouse en faculté de lettres. Certains anciens camarades le reconnaissent, se mettent à murmurer. Oheix, n’est-ce pas ce salaud d’ancien militant du groupe Occident ? On se rapproche du jeune professeur qui, visiblement, commence à paniquer.
Hâtivement, il rebrousse chemin, sort de la fac et se précipite dans la rue du Gaillon. On le poursuit, on le course. On le rattrape, on le projette à terre et on le roue de coups. On le ramasse, on le ramène de force dans l’enceinte de l’université, et on l’exhibe au milieu d’un amphithéâtre de 400 personnes. On improvise alors un procès sauvage, devant professeurs et étudiants. Le jugement de Gérard Oheix est enclenché. Certains proposent de le pendre, d’autres d’en faire un otage. Une atmosphère badine se mêle à la fureur étudiante. Au final, le prévenu sera relâché.
"C’était mieux avant". Et si on pendait certains slogans ?
Pierre-André Bizien
à lire aussi
Comment vaincre la corruption aux Comores? Entretien avec Nassur Oumouri
Solutions originales pour vaincre la corruption économique aux Comores. Le message de Nassur Oumouri. Dépasser les politiques anciennes
François et les loups de Gubbio
Le père Eric de Beukelaer nous confie son sentiment à propos des attaques mécaniques des journalistes contre le pape François
Un banquier japonais se convertit au christianisme après avoir lu un livre de Dostoïevski
Les conversions au christianisme sont rares au Japon. La littérature peut néanmoins y aider. La preuve!
Umberto Eco et l'Eglise, sa réponse aux revendications féminines
La réponse d'Umberto Eco à la question des femmes dans l'Eglise
Vous aimerez aussi
Réflexions sur le Grand remplacement, Schiappa, Camus - citations, arguments
Le Grand remplacement est-il un fantasme? Sur quels arguments se fonde-t-il? Marlène Schiappa a-t-elle eu raison de pointer Renaud Camus?
France: quelques chiffres pour se faire peur
La France souffre. Illustration au travers de quelques chiffres anecdotiques
L'héritage de la Grèce antique est-il seulement passé à l'Occident via les Arabes?
La civilisation islamique a fait passer l'héritage grec en Occident. Elle ne fut pas unique dans ce rôle.
L'expédition de Magellan et le premier tour du monde (1519-1522)
L'expédition de Magellan est mal connue. Rappel des faits. Le Pacifique, les combats, les découvertes et mutineries...


