La théorie de l'évolution ne contredit pas la Bible. Démonstration

 

Selon une opinion courante mais erronée, l’Evolution montrerait que puisque l’humain n’est qu’un chaînon de l'espèce, le récit biblique serait faux. 

 

En réalité, l’Evolution montre au contraire que l’être vivant va vers de plus en plus de conscience. L’homme nouveau que préconise l’Evangile, c’est cet homme du futur, à la conscience plus développée. A l’inverse, le transhumanisme fomente une humanité diminuée par la substance et augmentée par les prothèses.  

 

Les grandes échelles de temps géologiques figurent l’attente, le désir; l’Evolution, c’est ce désir et cette attente en cours d’accomplissement. A ce propos, Aristote écrivait bien que la matière est le désir de la forme.

 

Bien que tout soit naturellement discutable, il est théologiquement possible de dépasser l’éternel dilemme "créationnisme/évolution". C’est ce qu’entend démontrer Etienne Gilson: "Je crois même possible, pour ma part, s'il y a eu évolution animale, que Dieu ait créé la première âme humaine, donc le premier homme, lorsque l'évolution biologique a finalement produit un corps susceptible de la recevoir" (Lettre à Jacques Maritain, 8 septembre 1971)

 

Sans céder aux sirènes du concordisme, remarquons qu’il n’y a donc pas contradiction entre l’Evolution et le récit biblique, lequel énonce au travers des six jours de la création que celle-ci est évolutive, et que l’homme est ultérieur à l’animal. C’est justement parce qu’ils adoptent une lecture fondamentaliste de la Genèse que les athées nient sa véracité au regard de la science. 

 

Au rebours des intellectuels sceptiques, l’historien Pierre Chaunu voyait dans l’Evolution et l’existence des dinosaures une preuve décisive de l’existence de Dieu: en effet, toutes ces espèces formidables d’avant l’humanité montraient la vie «encore plus vaste, plus complexe qu’on ne l’avait crue. (…) La Bible nous l’a dit: infinie est la puissance du Dieu créateur. Or voici que l’univers exprime, chaque jour, plus concrètement cette infinitude à travers l’œuvre de ses mains» (Pierre Chaunu, historien, Histoire et foi, 1980) 

 

L’Evolution ne contredit donc pas la Bible. Toute sa vie, le paléontologue et jésuite Teilhard de Chardin a cherché à le démontrer. Ainsi a-t-il remarqué que les mots Création, Incarnation ou encore Rédemption expriment clairement l’idée d’un processus, d’une évolution. Dans la Genèse, le récit de la Création induit clairement une idée d’évolution. Dieu a créé progressivement, au fil d’un processus.

 

Comme l’indique la science, les éléments se sont formés, puis les animaux, puis les êtres humains. Evidemment, les sept jours de la Création ne signifient pas sept journées de vingt-quatre heures, ils indiquent simplement l’idée d’un processus qui s’étale dans le temps; et si l’homme apparaît à la fin de cette semaine créatrice, comment ne pas songer parallèlement à cette rengaine scientifique selon laquelle si la Terre avait été produite à 0h00 et qu’actuellement il est 11h00, l’homme apparaît aux alentours de 10h59! L’échelle de temps ici utilisée n’est plus le jour, mais l’heure elle-même, et personne ne songe à qualifier de fondamentalistes les scientifiques schématisant ainsi. 

 

 

La Genèse, récit ontologique et non mythique

 

 

Toujours sans céder aux sirènes du concordisme, il est important de soutenir que la science ne contredit pas la Genèse. En effet, le texte de la Genèse n’est ni historique, ni mythique, mais ontologique – ou métahistorique. Il s’agit d’un récit qui s’adresse à l’humanité au travers des siècles et des différents degrés de culture: il est vrai plutôt qu’exact.  

 

Ceux qui ne comprennent pas cela parlent donc d’erreur, n’attestant en réalité que leur inculture.  

 

 

Positions théoriques

 

«Elohim est un masculin pluriel, ce sont les forces de la Nature qui vont organiser la création. Elles appartiennent au divin, mais ne sont pas Dieu lui-même» (Marc-Alain Ouaknin, philosophe, Le Monde des religions, hors-série n°33, décembre 2019) 

 

«L’évolution que quelques esprits superficiels ont considérée d’abord comme la ruine de l’idée religieuse, est au contraire la démonstration expérimentale de Dieu» (Jean Jaurès, La question religieuse et le socialisme, 1891)

 

«Jusqu’à un certain point l’évolution, y compris de l’espèce humaine, peut se comprendre à travers les procédures de l’évolution darwinienne. Mais à partir de l’humanisation de cette histoire, ça ne suffit plus. (…) Toute une transformation absolument impensable s’est produite sans une transformation génétique sérieuse, visible. L’homme, dans l’antique Iraq sumérien, devait être intellectuellement assez semblable à nous» (Eric Hobsbawm, historien communiste, Entretien Nouvel Observateur, novembre 2005)

 

«L’acte créateur ne s’intercale pas dans la chaîne des antécédences» (Teilhard de Chardin, prêtre et paléontologue français, Science et Christ, 1965)  

 

 

Pierre-André Bizien

 

 

***

 

Cet article est issu de la Somme métaphysique, vaste ouvrage de 425 pages offrant des arguments d'apologétique originaux. Disponible exclusivement sur le site Mont des lettres. Renseignements: montdeslettres@gmail.com

 


 

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