La gauche, ça ne se décrète pas, ça s’apprend. Les impulsions ambiantes poussent au rejet de l’aigreur conservatiste. Soit. Le quidam se figure spontanément que la gauche, c’est la cohérence des cœurs généreux, le grand oui aux dissidences de l’esprit, l’enthousiasme internationaliste, l’amour de l’altérité dérangeante.
Si cela fut un jour, une heure ou un instant, tout cela n’est plus désormais. Pourquoi ? Avant tout parce que les vrais combats de gauche ont été remportés… depuis des décennies (congés payés, abolition de la peine de mort, divorce, etc).
Au fond, c’est la gauche de l’époque noir et blanc qui avait des couleurs. Ses valeurs ont globalement triomphé dans nos sociétés post-démocratiques. La gauche actuelle, l’héritière, la rentière, ne trouve plus de grand combat à la fois légitime et personnel ; cette salope de droite ose désormais partager ses aspirations génétiques (justice sociale, refus du racisme, etc). Le clivage n’est plus qu’une question de proportion, de degré… non plus de nature.
En deuil d’ennemi ontologique et au mépris du bien commun, la gauche contemporaine cherche par tous moyens à conserver les frontières, les lignes de démarcation rassurantes qui la séparaient de la droite d’antan. Il lui faut garder son identité de race, ne pas se souiller au contact de l’autre. Alors elle construit des murs, instaure des douanes idéologiques, labellise les comportements et réclame des droits d’auteur honoraire sur la vérité. Au mépris de sa véritable profondeur philosophique.
Pour exister, il lui faut cloisonner son identité, dynamiter les ponts qui se sont avancés depuis les rives dextristes jusqu’aux siennes. Ironie de l’histoire, elle refuse le métissage politique qui, comme les familles homoparentales, est déjà une réalité de fait. Alors elle nie, elle refuse la part d’altérité qui marque son nouveau visage. Victime de son triomphe, elle en est désormais réduite à la surenchère hargneuse, aux petits combats symboliques excentriques qui lui assurent de se démarquer de nouveau, clairement, face à l’Autre, honni.
Tout est bon à prendre pour reconquérir sa « différence » narcissique : jadis ultra-laïque, elle défend désormais le droit des traditions religieuses pourvu qu’elles ne soient pas catholiques (ce qui la gêne, ce ne sont plus les religions, mais l’homme-blanc-religieux). Jadis adversaire du mariage bourgeois et de la famille, elle entend désormais défendre avec passion ces deux institutions avec le dit mariage pour tous.
Prétendument promotrice de la liberté d’expression, elle a tapissé le pays d’associations procédurières qui vous traînent devant les tribunaux pour délit de pensée. Certes oui, la droite dure, réactionnaire, raciste et extrême existe bel et bien ; oui, elle est à combattre, mais certainement pas en épousant ses procédés d’intimidation morale.
Oui, faillite de cette gauche contemporaine, refusant la réalité du métissage idéologique. La débraille constructive n’existe pas. Le mondisme étatiste n’est pas un paradoxe : c’est une contradiction.
Homme de gauche, ressaisis-toi. Pour ce faire, commence par relire Jaurès.
Pierre-André Bizien ^^
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