François et les loups de Gubbio

https://www.youtube.com/watch?v=SiutooKB5k8                                                                                -
 Le père Eric de Beukelaer revient sur les attaques spontanées de la presse contre le pape François à la suite de son élection.

 

Parlons du passé trouble de François... Mitterrand. Lui qui fut décoré en 1943 de l’ordre de la Francisque et prêta à cette occasion le serment suivant:


     « Je fais don de ma personne au Maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France. Je m’engage à servir ses disciplines et à rester fidèle à sa personne et à son œuvre»

 

Lui qui fréquenta toute sa vie René Bousquet. Eh bien, Mitterrand fut un grand président. Ceci, entre autre, parce que, lors de son élection le 10 mai 1981, la presse ne se déchaina pas pour lui chercher des puces. Ce n’est que bien plus tard que la lumière se fit.

 

Je ne reproche pas aux journalistes de faire leur boulot. … Sauf quand ils publient des photos du futur Pape en présence du dictateur Videla, sans vérifier que ce n’est pas le père Bergoglio qui se trouve sur l’image. Je rappelle surtout qu’il est difficile d’exercer une responsabilité en dictature, sans serrer quelques mains sales.  A cet égard, un article de Marianne est fort… fort instructif. J’invite chacun à le lire. 

 

Dès lors, avant de traiter le pape de collabo, un peu de bon sens s’il vous plaît. A l’instar d’Odon Vallet, qui déclara, sur France2, qu’il n’avait “pas été complice de la dictature. Il a fait ce qu’il a pu, pas plus, pas moins”. C’est également l’avis du prix Nobel de la paix argentin (1980) Adolfo Perez Esquivel, qui défend le bilan du cardinal Bergoglio. A l’instar du théologien de la libération Leonardo Boff, qui déclare:

 

« Je me base sur le prix Nobel de la paix Perez Esquivel, qui a été torturé longuement et connaît bien Bergoglio. Il n’y a rien de concret dans les enquêtes menées jusqu’aujourd’hui, au contraire, il a sauvé et caché de nombreuses personnes persécutées par la dictature. Il n’y a aucun lien avec la dictature. Il pourrait y avoir eu des omissions, mais pas de complicité»

 

A l’instar enfin de Francisco Jalics, un des deux prêtres torturés sous la dictature, qui déclare sur le site des jésuites allemands s’être réconcilié avec le cardinal Bergoglio et souhaite tous ses vœux au nouveau Pape.  Pourquoi ces voix-là sont-elles si peu entendues sur certaines chaines de télévision?
Je cite, pour être complet, la réaction vigoureuse du Vatican, aujourd’hui, par la voix du P.Lombardi:

 

 « La campagne conduite contre Jorge Mario Bergoglio, qui remonte à des années, est bien connue. Elle est soutenue par un media spécialisé en attaques anticléricales, allant jusqu’à la calomnie et la diffamation des personnes. Les accusations concernant l’actuel Pape remontent à l’époque où il n’était pas encore évêque, mais simplement supérieur des jésuites en Argentine. Elles font référence à deux prêtres enlevés pendant la dictature, et qu’il n’aurait pas protégés. Or aucune accusation formelle et documentée n’a jamais été déposée contre lui. La justice l’a entendu une fois et à simple titre de témoin. Le P.Bergoglio n’a jamais été suspecté ou accusé, ayant d’ailleurs fourni les preuves de son extranéité à l’affaire. Il existe d’autre part nombre de dépositions démontrant combien le P.Bergoglio a agi pour sauver des personnes en danger à l’époque. Il est tout autant connu qu’après être devenu évêque, dans l’élaboration de la demande de pardon, Mgr.Bergoglio a déploré les défaillances de l’Eglise argentine face à la dictature. Les accusations en question découlent d’une lecture historique de cette période promue depuis des années par des milieux anticléricaux. Elles n’ont pas lieu d’être. Pour ce qui est des questions touchant à la théologie de la libération, l’actuel Pape en a toujours référé à la Congrégation pour la doctrine de la foi, refusant sur le terrain toute action violente car convaincu que seuls les plus faibles en paient le prix ».
La horde…

 

On raconte que saint François d’Assise domestiqua dans le village de Gubbio, un loup affamé. Ici, il s’agit d’une horde. Non pas la horde des journalistes qui font leur boulot en posant les questions qui dérangent. Mais la horde de tous ceux qui n’ont pas intérêt à ce que le pape François développe une stature de pasteur de grande envergure.

 

Un ami universitaire, peu suspect de sympathies envers l’Eglise catholique, me confie:


« Un pape ringard ou imbuvable est dans l’intérêt de tous ceux – et ils sont nombreux – qui n’ont pas intérêt au redressement de l’Eglise catholique. Attendez-vous donc à bien des peaux de banane sous les mules du pape François ».

Un journaliste qui travaille pour un hebdo généraliste complète:


« Le drame, c’est que le Vatican pourra corriger les infos comme il veut, la première impression qui restera auprès d’un certain grand public, est que derrière le sourire et la simplicité du pape argentin, se cache le visage hypocrite d’un sale petit collabo ». (…)
Une chose me semble assurée: François fait face à la horde. Prions pour lui. 

 

Père Eric de Beukelaer

 

 

 

(Source originelle de l’article : http://minisite.catho.be/ericdebeukelaer/).

 

 


 

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