Mythique et délurée, la « ville du pêché » fascine autant qu’elle intrigue. Intimidante et surprenante, la Sin city a plus d’un tour dans son sac. Hôtels hors normes, spectacles majestueux, et plus d’une centaine de casinos.
La cité du vice ne dort jamais. Bienvenue sur la planète Vegas. Ressortirez-vous indemne de cette expérience ? Par ailleurs, comment imaginer un instant que ce temple international du jeu fut un jour une paisible bourgade de mormons ?
J’arrive en voiture depuis Los Angeles, qui se trouve à seulement quelques heures de route. C’est le panneau « Welcome to Fabulous Las Vegas » qui m’accueille. Une enseigne emblématique. Rapidement je me retrouve sur le Las Vegas Boulevard, au cœur de la cité. La ville s’articule autour de deux axes principaux. Le Downtown, centre-ville, ou se trouvent les casinos les plus anciens ; et le Strip, boulevard principal de Las Vegas, où se concentrent les plus récents d’entre eux. L’aventure peut désormais commencer…
Vegas, les origines.
Tout commence en 1855, dans le centre-ouest des Etats-Unis. En plein désert, dans l’Etat du Nevada. Un hameau sort de terre par la volonté et la détermination farouche d’un groupe de mormons. Ces hommes pieux sont bien décidés à s’établir durablement dans cette région inhospitalière. Quelques décennies plus tard le pari est réussi. Le village a désormais des allures de petite ville de province. En prime, une nouvelle population est venue grossir les rangs des néo colons. Citadine et éclectique. Un évènement va cependant encore accélérer de manière exponentielle son développement. La légalisation des jeux d’argent au début des années 1930. Son destin bascule alors de manière irrémédiable.
La ville prend un nouveau visage et adopte de nouvelles mœurs, aux antipodes de la bonne morale voulue par ses fondateurs. Ainsi, parmi ses généreux mécènes et nouveaux investisseurs, on trouve à Las Vegas des individus peu recommandables : des figures incontournables de la mafia, comme Benjamin Siegel, dit Bugsy, et Meyer Lansky, célèbres représentants de l’organisation. Ce nouvel eldorado est le lieu idéal pour venir blanchir leur argent sale. Néanmoins il faut reconnaitre que sans la pègre, Las Vegas ne rayonnerait probablement pas autant aujourd’hui. Le crime organisé lui a en effet permis, à travers ses investissements faramineux, d’opérer une mutation exceptionnelle. Une véritable propulsion au sommet.
Un autre tournant s’opère dans les années 1980. La volonté des autorités est de casser l’image sulfureuse de la ville. Ils font le ménage, reprenant le contrôle de l’empire du jeu à la mafia. Et ils en profitent également pour attirer une nouvelle clientèle : d’affaire, et de type familial. Cette stratégie s’avère payante. Aujourd’hui le public de Vegas est très diversifié. La bonne petite famille moyenne américaine peut désormais côtoyer des clubbeurs, fans de discothèques, comme des gamers, accros aux jeux, des businessmen, ou encore des groupes de jeunes venant joyeusement célébrer un enterrement de vie de garçon ou de fille. Sans oublier évidemment les touristes curieux du monde entier.
Le but étant d’attirer un maximum de clients dans les casinos, des spectacles sont régulièrement proposés, histoire d’attirer la plus large clientèle possible.
Des shows et des activités en pagaille
Depuis plusieurs décennies, de grandes stars s’y produisent. Frank Sinatra, Elvis Presley, et plus récemment Céline Dion. Des spectacles électrifiant les foules. Grandioses et originaux. Tous les styles s’y côtoient. Des représentations à couper le souffle comme celle du Cirque du soleil. De grands matchs de boxe opposant les meilleurs combattants, comme le légendaire Oscar de La Hoya. Tout en passant par les tournois de poker, ou les tours de magie du célèbre illusionniste David Copperfield.
On peut même assister à des spectacles gratuits, comme celui de « Treasure Island ». Toutes les 90 minutes, devant les portes de l’Hôtel éponyme, s’y déroule une bataille navale grandeur nature entre une frégate et un bateau pirate ! On assiste alors au mariage de l’originalité avec la démesure.
De plus, une pléthore de parcs d’attractions, et un nombre incalculable d’excursions sont proposés dans la région. Et pour ceux qui veulent se dépenser de manière insolite, il existe dorénavant des clubs de sport extrême. On peut en faire sur l’un des lacs artificiels à proximité. D’ailleurs, quoi de mieux qu’un sport aquatique pour oublier un peu le soleil brûlant de Vegas ? Les températures dépassent fréquemment les 40° en été !
Vous pouvez aussi vous marier pour quelques dizaine de dollars. Dans l’une des cinquante chapelles de la ville. Avec en prime, si vous le désirez, l’un des nombreux sosies d’Elvis Presley. Bruce Willis et Demi Moore l’ont fait, alors pourquoi pas vous ? Petite précision pour cet ancien couple célèbre.
Il n’est pas sorti de son véhicule pour le faire. En effet, il existe une manière très originale de le célébrer : le « drive in » ; un peu comme le « mc drive » pour récupérer son menu big mac en voiture, sauf que là, c’est pour se marier ! Fun ou pathétique, c’est au choix, à chacun son appréciation.
Par ailleurs, cette ville qui sort tout droit de la 6eme dimension a encore bien d’autres vices ; ceux de la vieille école. Ceux de toujours. C’est « l’ancien Las Vegas ». Il n’est pas mort. La ville du péché met, apparemment, un point d’honneur à entretenir son surnom. La prostitution légale donne le change à de nombreux bars à striptease.
Cependant, la Mecque du jeu a de quoi accueillir tous ces nombreux touristes venant des quatre coins du monde. En effet, elle est dotée d’une capacité hôtelière tout bonnement ahurissante. L’une des plus grandes au monde, si ce n’est La plus grande.
Les Hôtels
A Vegas pas de problème de logement. Il y a quelques 120 000 chambres pour accueillir les visiteurs ! Dans des hôtels immenses, le plus souvent à la pointe du modernisme. Un design époustouflant, et généralement agrémentés de piscines magnifiques. Mais, au-delà de ça, leur véritable singularité, ce sont les thèmes qui caractérisent certains d’entre eux.
Petite présentation des plus exceptionnels :
Commençons par The Venitian, qui a pour thème Venise, et son extension, The Palazzo, l’Italie. Un complexe qui a de quoi faire perdre la tête. Quelques 7000 chambres (dans le monde, seul l’hôtel Izmaïlovo a Moscou, en Russie, en compte davantage) ; et un casino de 11.000 mètres carrés. Pour s’orienter, un instant, je cherche ma boussole ! Ce complexe hôtelier est le plus grand de la ville. A proximité, on trouve même un réseau de canaux, avec des gondoles naviguant dessus, on se croirait presque à Venise. C’est vraiment bluffant. Encore plus décontenançant : les répliques des lieux emblématiques de la ville italienne. On peut prendre la pose sur la fameuse place Saint-Marc, et contempler le Palais des Doges… incroyable, mais vrai !
Dans une autre ambiance, également surprenante, le Luxor, un des hôtels les plus connus de la ville. Il nous prend au dépourvu. Il a pour thème l’Egypte. Des décors qui nous plongent tout droit dans l’univers des pharaons, et ce en plein désert du Nevada. Bel exploit. Avec une pyramide de plus de 100 mètres de hauteur, l’immersion dans l’Egypte antique est garantie. Sur la pointe de l’édifice, un énorme projecteur est visible partout la nuit.
Il me servira d’ailleurs de repère à mon retour d’une soirée un peu arrosée. Il se dit que c’est le faisceau lumineux le plus brillant du monde. Pour veiller à sa sécurité, une réplique du Sphinx de Gizeh garde les lieux.
Continuons notre petit tour du monde, tout en restant à Vegas. C’est l’Asie qui est à l’honneur cette fois, avec l’hôtel Mandalay Bay. Mandalay, c’est la dernière capitale royale de la Birmanie Aujourd’hui la deuxième plus grande ville du pays.
Connu pour la diversité et la renommée de ses restaurants, cet immense complexe héberge la plus grande rhumerie de la planète ! Ambiance tropicale assurée. Le nom de cet enfer sur Terre : la Rumjungle, un nom exotique qui met tout de suite dans l’ambiance ; c’est un restaurant bar ; Il se transforme en boîte de nuit au cours de la soirée. Mais il ne possède pas la plus belle vue de la ville, comme j’ai pu le constater au Mix Lounge, l’autre nightclub tendance de l’hôtel.
Un autre complexe hôtelier donne le vertige : le MGM. Il doit son nom au célèbre studio hollywoodien « Metro-Goldwyn-Mayer »). Du haut de ses 30 étages, il arbore fièrement le symbole de cette société de production : un lion. Son casino est équivalent à deux fois la surface d’un terrain de football. Pas mal, non ? Il dispose aussi de nombreux restaurants, dont, la petite touche française : « L'Atelier », de Joël Robuchon… cocorico !
Dans un autre registre, le Wynn Las Vegas est probablement l’hôtel le plus confortable, et le plus luxueux de tous. Avec son extension, le Encore, il fait figure de premier de la classe en termes de prestations haut de gamme ; Récemment construit, le luxe omniprésent qu’il affiche frôle carrément l’insolence. Des services presque non égalés par ses concurrents. On pense, entre autres, à l’improbable parcours de golf 18 trous : le Wynn Golf and Country Club. Mais aussi, à la vertigineuse concession automobile Ferrari-Maserati. Pas vraiment l’endroit pour louer une autolib ! L’ostentatoire est décidément le maître-mot pour ce complexe hôtelier.
Parmi les hôtels insolites on trouve l’Excalibur, ayant pour thème le Moyen âge. Avec son décor médiéval il ne passe vraiment pas inaperçu. En effet, il a la forme du château du Roi Arthur. Pour autant, nul besoin de se présenter à la réception habillé en chevalier pour obtenir une chambre…
Sans le savoir, certains immenses complexes hôteliers de Las Vegas nous sont déjà familiers. Et ce, en raison de leurs apparitions dans des succès cinématographiques ! On pense au Caesars Palace. Il incarne le décor de films comme Eleven Ocean et sa brochette d’acteurs hollywoodiens, ou encore comme le délirant Very bad trip (« hangover » en anglais). Ce dernier met en scène un enterrement de vie de garçon hallucinant. Pour l’anecdote, Bradley Cooper, l’un des témoins du marié dans le film, fut un temps bagagiste dans un grand hôtel de Las Vegas, avant de devenir célèbre. Il était étudiant à cette époque. Et le hasard faisant bien les choses, il a un jour porté les valises d’un certain… Leonardo Di Caprio !
Toutefois, si le Caesars Palace est connu c’est pour sa splendide réplique du Colisée, où sont d’ailleurs organisés régulièrement des spectacles.
Un petit clin d’œil est fait à la France avec le Paris Las Vegas Hotel et sa réplique miniature de la tour Eiffel. Sans oublier bien sur le mini Arc de triomphe.
En terme d’hébergement, Las Vegas propose généralement des prix abordables, voire même dérisoires (sauf pour les hôtels très luxueux bien évidemment) ; car elle ne vit pas de l'hôtellerie, mais bel et bien des tables de jeux. En effet, plus de 40% du budget de l'Etat du Nevada provient des taxes sur les jeux. Las Vegas cherche ainsi à garder ses clients le plus longtemps possible. Le but étant de les voir dépenser leurs précieux dollars dans les casinos de la ville.
En quête de sensations fortes, Vegas offre à ses visiteurs le must dans le genre : un nombre incalculable de casinos. On se prend vite au jeu, alors attention au piège, car l’addiction vient vite…
Les casinos : l’enfer du jeu.
Accrochez vos ceintures, et sortez vos porte-monnaie. On dénombre à Vegas quelques122 casinos, et 115000 machines à sou. De quoi passer une bonne soirée… en somme.
Les casinos se trouvent dans tous les grands hôtels de la ville. On y est attiré comme des insectes par la lumière la nuit. Une atmosphère festive et électrique y règne. Il n’y a pas d’horloge, pour ne pas distraire les joueurs. On perd donc vite la notion du temps. La folie du jeu nous guette. L’adrénaline nous monte rapidement à la tête, puis le piège se referme. On est soudainement prisonnier des machines, ou de la table de jeu.
On a la sensation d’être attaché à son fauteuil. On n’arrive pas à sortir la tête de l’eau. Il faut continuer de jouer. C’est la règle tacite. Puis soudain, les poches sont vides. Plus un dollar. Le réveil est brutal. On est épuisé, lessivé. 4 heures viennent de s’écouler, et pourtant on a l’impression d’être arrivé à l’instant. Las Vegas nous a bien pris dans ses filets !
Soudain je me retrouve au casino du Caesars palace. C’est là que commence ma carrière internationale dans le jeu. Une mise de départ dérisoire : 20 dollars, mais des gains multipliés par quatre dès la première minute. Je pense à tort sur le coup que cette machine à sou est en train de sceller mon avenir.
Mais, en réalité, ce n’est que la « chance du débutant »… Ou plutôt le « piège du débutant ». Car dans le quart d’heure suivant, j’ai tout perdu. Trouvant au fond de moi-même assez de ressources pour faire une croix sur ma fulgurante carrière, aussi succincte que pathétique, je décide alors d’y mettre un terme. Je pars un peu la queue entre les jambes, mais j’ai tout de même la sensation d’avoir gagné mes galons de joueur. Toutefois, bien décidé à prendre ma revanche un jour, je grommèle dans ma barbe : « Vegas, i’ll be back » !
à lire aussi
Qu'est-ce que le génie belge? Réflexions françaises sur l'identité belge
Le génie belge est une évidence, que la France envie aux Wallons et aux Flamands. Comment l'approcher sans caricaturer l'identité de la Belgique?
Commerce mondial des armes: chiffres, acteurs et enjeux
Le commerce mondial de l'armement décrypté: France, USA, Asie... Chiffres, stratégies
L'Irlande au fil de l'eau
Pascal Teyssier, vice-président de l'Association des Français de l'étranger (section Irlande), nous présente son pays d'adoption.
Mongolie, le phoenix renaît de ses cendres
La Mongolie, un pays peu connu en plein boom
Vous aimerez aussi
Choisir une bonne maison de retraite. Paris, Ile-de-France - tarifs raisonnables
Comment choisir la maison de retraite idéale pour votre parent? Paris, Ile-de-France. Tarifs pratiqués. Veiller aux avis.
Net dating assistant: le fond de la cuvette morale
Depuis quelques temps sur le net, des entreprises proposent d'effectuer à votre place vos démarches de prospection sentimentale.
Réalité de la transsubstantiation - les preuves catholiques
La transsubstantiation n'est pas absurde. L'Eglise n'a pas inventé la présence réelle de Jésus dans l'hostie
Ernest Renan, christianisme et religion, plus loin que le mythe athée
Génération après génération, le public est complaisamment entretenu dans le mythe d'un Renan athée.