Farahi Hamiduddin (1863-1930) est un savant musulman indien dont les travaux mériteraient une diffusion plus étendue.
On le crédite d'avoir inventé une approche analytique nouvelle du coran, désignée Nazm al-Qur'an (ou "la cohérence structurelle du Coran"). En clair, il affirme que la signification du coran est notamment induite par la position des sourates les unes par rapport aux autres dans le texte. La lecture des versets doit être contextuée et comprise selon ce qui est dit avant et après dans les sourates environnantes; le sens plein des écritures ne saurait être tiré des versets appréhendés isolément.
En dépit de son originalité, Farahi Hamiduddin s'inscrit cependant dans la lignée de nombreux réformateurs. Aussi, nous ne saurions en faire une icône réformatrice, au sens humaniste et universel qui est induit dans l'esprit occidental. En effet, malgré le caractère lumineux de sa méthode exégétique, nombre de ses considérations restent empreintes de médiocrité traditionaliste. Sa position sur le judaïsme par exemple.
Farahi nous explique qu'il existe ordinairement deux types d'interprétation possibles dans le coran, corrélés à deux types de signification: signification générale et signification spécifique (pour une nation, un peuple, une période, etc).
Au sein de ses écrits, Farahi ne s'interdit jamais de citer des passages de la Bible, (et même le philosophe juif Spinoza) pour appuyer ses vues et intuitions. Il ne se limite aucunement à l'énonciation du texte coranique.
Quelques éléments de son enseignement
-Farahi nous avertit que le coran place fréquemment deux idées contrastantes ensemble, côte à côte. Il s'agit d'un type d'ordonnancement spécifique et signifiant en lui-même.
-Il a notamment étudié la signification profonde du verset Bismillah (Au nom de Dieu...). Avant que n'intervienne la révélation coranique à Mahomet, le roi Salomon avait déjà implicitement formulé le "Bismillah" dans une lettre adressée à la reine de Saba. Le nom de Dieu est par essence un bouclier, une protection contre Satan. D'où l'importance décisive du Bismillah. Aussi, le fondement de la religion réside dans le souvenir du nom d'Allah. Farahi ajoute de façon polémique que les Juifs ont perdu le beau nom de Dieu. Ils ont mérité leur punition du fait de leur attitude rebelle envers Dieu. Les chrétiens, eux aussi, auraient perdu le nom de Dieu.
-Contrairement aux autres prophètes qui ont été envoyés pour leurs nations respectives, Mohammed a été envoyé pour l'humanité entière.
Citations intéressantes
"Se souvenir du nom de Dieu c'est se souvenir de Dieu lui-même"
"Il n'y a aucun doute sur le fait que la bénédiction de Dieu s'étend généralement sur toutes les créatures"
Pierre-André Bizien
à lire aussi
Oui, chrétiens et musulmans prient le même Dieu
Chrétiens et musulmans prient-ils le même Dieu? Retour sur une question qui fait rage et polémique
Eugen Drewermann, ou le pédosophisme théologique à l'état brut
Nouveau prophète, faux rebelle, hérétique... Eugen Drewermann passionne. Ce prêtre psychothérapeute vilipende l'Eglise catholique depuis des années.
Anecdotes religieuses (2)
Deuxième série d'anecdotes religieuses: christianisme, islam, personnalités spirituelles...
Anecdotes religieuses (6)
Sélection de diverses anecdotes religieuses: islam, judaïsme, christianisme, conciles...
Vous aimerez aussi
Entretien - Mgr Jacques Ahiwa. L'exégèse, les quatre sens de l'Ecriture, l'Evangile de Jean
Mgr Jacques Ahiwa, spécialiste de l'Evangile johannique, nous offre des clés d'exégèse.
Climats d'André Maurois, chef d'oeuvre du roman sentimental
En 1928, André Maurois publie Climats, un roman d'amour dont la profondeur psychologique fera date.
Les Pères de l'Eglise, erreurs et limites
Les Pères de l'Eglise étaient-ils de parfaits chrétiens? Loin de là. Leurs théologies comportent de nombreux points faibles (antisémitisme, misogynie, etc).