Préoccupation forte des Français, le sentiment d’insécurité fait régulièrement l’objet de débats et de controverses. Bien que les crimes soient en constante baisse depuis de nombreuses années, la petite délinquance ne faiblit pas. Cette dernière impacte fortement la vie quotidienne des citoyens qui pointent régulièrement l’échec des politiques en la matière.
Pendant longtemps, alors que la droite au pouvoir n’obtenait pas de résultats conformes aux discours affichés, la gauche a minimisé le phénomène et a insisté sur la nécessité de réduire les inégalités pour répondre au problème. Si la nécessité de développer économiquement et socialement certaines zones où sont concentrés les actes de délinquances est indéniable sur le long terme, elle ne peut suffire à répondre aux difficultés quotidiennes générées par les petits délinquants.
Ces derniers, souvent originaires des quartiers dits « difficiles », sont français pour la plupart. Parfois d’origine étrangère, ils appartiennent à la deuxième ou troisième génération d’immigrés. Les parents n’ont généralement jamais eu de démêlé avec la justice et n’ont qu’un contrôle limité sur leurs enfants. Jeunes, en quête de repères, ces petits délinquants testent les limites de la société en récidivant, commettant parfois des actes délictueux de plus en plus graves.
Ce constat, partagé par un grand nombre d’observateurs, appelle à réfléchir sur les moyens de lutter contre cette délinquance. Le déficit d’éducation et le creusement des inégalités doivent être résorbés sur le long terme, mais la carence essentielle à combler à court terme semble être le manque d’autorité et de discipline.
Déscolarisés précocement et dans des contextes familiaux instables, les jeunes délinquants sont rarement interpellés par les forces de l’ordre étant donné le manque de moyens sur le terrain afin de suivre l’ensemble des affaires. Par ailleurs, lorsque les délinquants sont retrouvés et déférés devant un juge, la condamnation est rare : les magistrats souhaitent éviter la prison à tout prix, ce qui cultive un sentiment d’impunité chez les jeunes. Les applications des peines sont en outre difficiles et le temps judiciaire relativement long.
La réticence des juges est cependant compréhensible : le risque de radicalisation lors de l’incarcération est réel. Un primo-délinquant pourrait ainsi côtoyer des délinquants confirmés ou des intégristes religieux à un âge où il est facilement influençable. L’état actuel de la plupart des prisons françaises ne permet donc pas aux primo-délinquants de se réinsérer sainement au sein de la société.
Il n’en demeure pas moins qu’une meilleure prise en charge de la primo-délinquance est fondamentale pour éviter la récidive : une réponse forte, dès le premier acte de délinquance, permettrait de tracer les limites à ne pas franchir et de corriger la trajectoire d’un jeune en difficulté. La rénovation de certaines prisons et le développement de centres éducatifs fermés où seraient dispensées des formations obligatoires semblent ainsi inévitables. Coûteuses, ces dépenses à court terme garantiraient néanmoins une baisse de la petite délinquance et par conséquent l’apaisement d’une partie de la société française.
Tarik Yildiz
Photo: Olybrius
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